pour les nuls

À l’attention de cette clique ecclésiastique qui lit sa Bible comme un musulman lit son Coran.

Et à l’attention des autruches savantes qui cachent l’immortalité de la conscience individuelle derrière l’atome et le vide.

L’Église

L’Église n’est pas le temple de Dieu.
L’Église vue comme le « corps mystique » du Christ
est une supercherie.

par Ivsan Otets

L’Église est toutefois nécessaire. Elle n’est donc pas dénuée d’une certaine volonté spirituelle venant du ciel ; au même titre que l’est d’ailleurs la synagogue avec ses enseignements sur la Loi. Car l’Église est une synagogue édulcorée enseignant une thora adoucie. Cet adoucissement s’est fait en associant Jésus à Moïse ; puis en assouplissant par le concept de la « grâce » la rigidité de la Loi. C’est ainsi que l’Église réussit à propager parmi les Nations la conscience du bien et du mal venue de la Loi avec les pratiques morales qui la caractérisent. À ce stade l’Église se voit missionnée pour couver, garder et enseigner ses convertis, ces hommes nouveaux en train de naître à la civilisation alors que la dualité du bien et du mal les pousse à se dompter et à se séparer de l’animalité. Mais lorsque cet homme-là est parvenu à maturité, l’Église a achevé son œuvre. Elle doit alors le laisser partir vers le Christ, lui qui appelle individuellement les siens à « sortir des bergeries » (voir Jn 10). C’est là-bas qu’Il leur apprendra à vivre au-delà des Moïse du bien et du mal : à ne plus être des brebis domestiquées mais à devenir des fils de l’homme.

Ainsi parla le Christ lors de la seule et unique fois où il évoqua l’ekklésia dans les Évangiles. « Je bâtirai », dit-il à Simon Pierre dans Mt 16. Mais sur quoi veut-il bâtir ? Sur le fait que Simon devient Kèphas ! Car le Christ répond à l’apôtre en lui donnant d’abord un autre nom afin de nous signifier qu’il bâtira uniquement sur cette transformation ; sur le fait que l'individu change d’identité ; sur le fait que l’individu change de nature. Quelle est donc cette autre-nature dont nous parle ici Dieu ? Ce n’est pas celle de l’obéissance à la Loi. Cette première transformation, celle du barbare en civilisé, ne sert que de tuteur à la véritable nature que Dieu vise ; celle dont Il parle lorsqu’il lance son : « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai » (Jn 219). Car le Temple de Dieu n’est pas l’Église ; c’est chaque-Un ; c’est cet homme individuel qui dans son intimité avec Dieu attend tout de la Résurrection mais plus rien de la Loi, de son tutorat et de ses bergeries ecclésiales. C’est pourquoi l’Akklésia n’est pas un discours contre l’Église mais vers la maturité. Le discours ecclésiastique est aux hommes civilisés, mais le discours akklésiastique est au fils de l’homme, lui que les premiers – les religieux et les raisonnables – prennent pour un fou.



L’ÉGLISE | Deux mots sur l’Église : 9mn23s · par Ivsan & Dianitsa

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Pour aller plus loin

›› Le Cordon ombilical
›› Je bâtirai mon Église
›› Qui ne rassemble pas avec moi disperse

La Résurrection

La Résurrection est le monopole de Dieu.
Pour une vérité, l’absence de tombeau vide de son dieu
est l’aveu de sa fumisterie.

par Ivsan Otets

Sans la Résurrection l’Évangile ne vaut rien. C’est ainsi que le Christ n’est finalement venu que trois jours : afin de jeter ce feu sur la terre. Car aucun des plus fulgurants bâtisseurs de « vérités » n’a pu se saisir de cette braise et sortir de sa tombe. En trois jours seulement, seul avec son supplice, sans rien écrire et arc-bouté sur un autre monde, le Christ a crié une théologie qu’on voudrait cacher tant elle est loufoque : « Dieu a fait l’homme pour un seul but : le ressusciter. » Il a fait l’homme pour lui ouvrir les portes d’une autre race : celle des fils de l’homme. C’est pourquoi Il a voulu dès le départ la mort de l’Adam, de l’« adamité ». Car Il veut que l’être humain reçoive un jour une liberté telle que la mort tressaille à la seule évocation des noms de Ses fils. Et non seulement la mort, mais la nature, la raison et tout ce qui a autorité et puissance ; tous les dieux sont voués à obéir tels des domestiques enthousiastes à chaque fils de Dieu qui entrera dans sa résurrection. La Résurrection n’est pas le salut in extremis d’un Dieu réduit aux abois ; un Dieu étourdi qui doit réparer le péché que le candide Adam aurait commis dans Son dos. Non. La Résurrection est le projet que Dieu avait dans son cœur bien avant que la première feuille ne pousse et que le premier vent ne vienne la caresser.

C’est de cette façon que Dieu planta l’arbre de la mort dont nous parle l’allégorie de l’Éden (Gen 3). C’est-à-dire que Dieu laisse les hommes éclore au sein d’une réalité malicieuse : la Nature avec sa sainte Sagesse. L’adamité est ainsi éduquée par les fruits de la science du bien et du mal qui en font un être de raison. Sa conscience s’éveille. C’est avec les yeux grands ouverts que l’homme peut alors voir la mort venir le chercher. Qu’il tente de les fermer tel le barbare ou au contraire en faisant le singe savant, ou qu’il s’y prépare par la vertu ou la méditation ; rien n’y fait ! Il sera désincarné. Sa pleine conscience sera livrée aux racines de la réalité, dans les mondes béats de platitude où vivre lui sera impossible. Dieu a donné l’homme aux sagesses de la Nature pour qu’elles lui ouvrent les yeux, et à la mort pour qu’elle l’excite à Le chercher dans l’impossible de la Résurrection. Êtes-vous choqué par cette audace divine, par son impertinence si outrageante ? Osez donc l’être davantage en écoutant le Christ vous dévoiler la fin de cette aventure : « Dans la Résurrection, rien ne sera impossible à mes Fils. »


LA RÉSURRECTION | Deux mots sur la résurrection : 9mn14s · par Ivsan & Dianitsa

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Pour aller plus loin

›› Habeas Corpus
›› Lekh Lekha
›› La Résurrection

La Trinité

Le concept de « Trinité » est un labyrinthe
qui, pour se défendre, devient un bourbier
et, pour finir, la fabrique d’un dieu-Monstre.

par Ivsan Otets

Que faire des nombreux « Je-Tu-Nous » qu’utilise le Christ pour ici s’identifier au Père et pour ailleurs s’en distinguer ? Et le même problème, bien que plus rare, se pose avec l’Esprit : « l’Esprit que le Père enverra… » et « le Paraclet que Je vous enverrai… » (Jn 1426 et 1526). C’est délibérément que le Christ nous fait vaciller de la sorte sur le mystère de son identité. Et l’étourdissement qu’il provoqua fut considérable ; car l’Église dut faire face à une avalanche de théories sur Dieu, toutes convaincues d’avoir décrypté les contradictions de ces « Je-Tu-Nous » du Christ où le sujet ridiculise notre grammaire : unitariens, ariens, semi-ariens, modalisme, trithéisme, panthéisme trinitaire, quaternité… Et chacun y alla de son arrogant vocabulaire pour défaire son ennemi : périchorèse, hypostase, circumincession, consubstantialité, processions divines, etc. ; avec autant de subtilités savoureuses tel le Filioque. L’Église tenta alors de clore ce labyrinthe théologique en formulant sa Trinité avec une extrême minutie. Peine perdue. Les progrès de la pensée, notamment quant au concept de « personne », transformèrent le labyrinthe en bourbier. Le théologien a aujourd’hui de plus en plus de difficultés à défendre sa Trinité, et cette tri-personnalité dépeint davantage un dieu-Monstre qu’un dieu-Humain.

Que faut-il penser de cette parole que le Christ lança aux apôtres : « Qui dites-vous que je suis ? » Voulait-il leur arracher le credo de sa divinité ? Puis de là leur apprendre à disséquer le divin afin de résoudre à jamais son mystère par un magique Dieu est Trois en Un. Trinité ? Certainement pas ! Il leur montrait la position dans laquelle se tiendront ceux qui auront foi en Lui. C’est-à-dire qu’il les aidait en leur mettant lui-même à la bouche la question qu’ils devaient se poser : « Qui es-tu ? » Car les « Je-Tu-Nous » du Christ font sourdre sa divinité tout en la cachant dans le même temps. Ils déclarent qu’à propos de Dieu il est impossible d’affirmer un plus grand mystère et que toutes les théologies sur sa Personne sont vouées à l’échec. La formulation de la Trinité, de même que le « Dieu est Un » juif et musulman ne répondent pas à la question. Raison pour laquelle l’Un est également néoplatonicien et hindo-bouddhiste. « Ce que je suis, dit le Christ, c’est ce que Dieu est absolument ; et lorsque vous voyez en moi le Fils c’est parce que vous voyez ce que Dieu veut que vous soyez : mes fils, des Fils de Dieu. Vous ne saurez qui Je suis qu’en le devenant. Aussi ne craignez pas de me dire : « Qui es-tu ? », car c’est alors que votre enfantement commence, au-delà de tous les credos. »























LA TRINITÉ | Deux mots sur la Trinité : 10mn33s · par Ivsan & Dianitsa

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Pour aller plus loin

›› Les omniscients
›› Père ou Fils

Les Écritures

Il faut interpréter et non vénérer un média imparfait,
qui transporte malgré tout un message divin,
support d’une rencontre et d’une perpétuelle réflexion.

par Dianitsa Otets

La Bible est inspirée de Dieu mais n’est pas infaillible. Son fil conducteur, son inspiration, est la « révélation-cachée » du Fils de l’homme, celui qui vient après l’homme, du Ressuscité, celui qu’on appelle le Christ ou Jésus de Nazareth. Ce souffle d’inspiration ne se retrouve pas à chaque page de la Bible, loin s’en faut. Car la Bible est une collection composite d’écrits dont l’origine et la composition s’étalent sur plusieurs siècles. Ces écrits drainent les alluvions culturels d’une vaste aire géographique allant de la Grèce à l’Égypte en passant par la Mésopotamie. La formation de la Bible est une épopée dont tous les mystères sont loin d’être résolus. Le canon ainsi que le contenu des livres sont imprégnés de logiques humaines qui sont autant de scories à déblayer pour tenter d’apercevoir la présence murmurante de Dieu. Certaines réalités y sont donc imparfaitement décrites, certaines vérités imparfaitement exprimées. Toutefois, et c’est là le miracle, ni le brouhaha des voix de l’Histoire et des cultures, ni les imperfections diverses n’entravent le message central des Écritures, simple et progressif : LOI — FOI — ROYAUME DES CIEUX (RÉSURRECTION). Ce fil conducteur de la Bible est le murmure de Dieu. Il s’écoute derrière les différentes voix du texte qui évoquent l’une ou l’autre de ces étapes, ici de façon allégorique, là de façon plus littérale.

Toutefois — si l’on veut absolument sacraliser le texte et coller au moindre de ses mots, il faudra lutter contre ses milliers d’incohérences. Car décider ainsi et a priori que la moindre goutte de cet océan verbal est sacrée conduit à deux façons d’en faire la lecture. La première suppose que cet amoncellement de signes aurait traversé les vicissitudes temporelles et matérielles, et franchi intacts les barrières des idiomes. C’est-à-dire que Dieu, après avoir inspiré les auteurs par possession, faisant d’eux des automates vidés de leur particularité existentielle, aurait veillé de manière surnaturelle à la conservation intégrale du flot de signes à travers les siècles et en aurait aussi « supervisé » en quelque sorte toutes les traductions. La seconde lecture tente une « harmonisation » des incohérences en un système logique et étanche. Geste aussi précaire qu’illusoire puisque le texte permet de construire plus d’un système aux dogmes concurrents. Ainsi du progrès qui réclame sans cesse un dogme concurrent au précédent pour s’adapter à son temps. Grand écart néfaste pour le texte, car il l’oblige à d’énormes concessions pour suivre la modernité. Soit donc il mourra comme tant d’autres qui n’avaient pas la plasticité voulue, soit une Tradition théologico-scientifique en fera, à force de métamorphoses adaptatives, un autre-texte, une autre-religion.

Ces deux options jusqu’au-boutistes — surnaturelle ou rationnelle — procèdent d’un même esprit. L’esprit de soumission à la lettre qui érige le texte en idole, c’est-à-dire en objet magique et intouchable. Et qui est peut-être aussi obstination à identifier Dieu à un fétiche. Ces attitudes face au texte biblique, le Christ les dénonce dans cette sentence : « Afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. » Car Dieu a voulu cacher son murmure derrière un texte imparfait afin précisément qu’il ne s’ouvre qu’aux adogmatiques, aux irréligieux et aux akklésiastiques. Une vérité outrageante de l’Écriture que le Christ prêchait quelque dix-huit siècles déjà avant la critique historique. Les modernes n’ont rien appris aux inspirés, mais seulement aux religieux.


LES ÉCRITURES | Deux mots sur les Écritures : 15mn23s · par Ivsan & Dianitsa

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Pour aller plus loin

›› Doit-on relativiser les Écritures ?
›› Comment lire la Bible ? 1/3 ◆ 2/3 ◆ 3/3
›› Le Sermon sur la montagne 1/3 ◆ 2/3 ◆ 3/3



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